Lil se promenait des les rues ensoleillées de la surface de la terre, et plus particulièrement, les rues de LA. Normal me direz-vous, vu qu'elle vit dans cette ville. Quoique d'après elle, se terrer comme des rats sous la menace, était loin d'être la vie qu'elle avait espéré mener. Elle qui se voyait à l'image de ses parents à partir en missions contre le vieil-abruti-dictateur-avide-de-pouvoir (VADAP pour les intimes), elle se retrouvait à survivre et à regarder partir les quelques privilégiés aux dons remarquables... Life's unfair !

Elle inspira un grand coup. Reléguant à un coin de son cerveau les souterrains et les missions, elle prit le parti d'imiter les passants insouciants. Elle s'arrêta au niveau d'une voiture et sourit à son reflet du rétroviseur extérieur gauche. Une fois le dit sourire bien acquis, se remit en route, en vraie professionnelle des faux semblants. Progressivement, cette impression d'insouciance la gagna et elle prit même un certain plaisir à se balader en ville.

Douce déambulation... Ou pas.
Un crétin de première venait de la percuter, la faisant valser comme une plume dans le vent. Il ne prit même pas la peine de s'excuser. Il était déjà en train de filer comme une anguille entre les citoyens. Il y eut quelques cris, des protestations aussi.

- Un problème... constata Lil dans un murmure.

Elle bondit sur le côté, le dos plaqué contre une vitrine de boutique de fringues. Les yeux exorbités d'inquiétude, elle vit trois hommes, entre vingt-cinq et trente ans, la dépasser à fond de train. Elle les suivit du regard et prit deux secondes pour détailler le jeune homme qui l'avait dépasser, vu son style vestimentaire, il devait avoir moins de vingt ans. Peut-être a-t-il découvert son don ?

De crainte de se faire repérer, elle réintégra la foule de passants et slaloma en délicatesse entre eux, les effleurant à peine. Du coin de l'oeil elle repéra une ruelle plus qu'étroite. C'est le coeur au bord des lèvres qu'elle y pénétra. Son pied droit écrasa des bouts de verre d'une bouteille de bière. Aussitôt une voix féminine retenti où perçait l'inquiétude et le stress. Tout pour rassurer Lil.

- Impressionnant... J'ignorais qu'on pouvait dire autant de mots en si peu de temps... railla-t-elle. Allez range les crocs Cendrillon !

Elle s'avança un peu plus dans le noir bien qu'elle n'y voyait rien et qu'elle ignorait toujours à qui elle avait à faire.

Lil ne broncha pas. Aucun sourire ne vint étirer ses lèvres. Manque de pratique sûrement... Et pourtant elle était plutôt fière de son effet. Sans prononcer un mot, elle laissa filer quelques secondes permettant au silence de s'installer. Silence que son interlocutrice brisa :

ELIZABETH «— Je m'appelle Liza, et toi? Tu es?

Au tac au tac, Lil répliqua d'une voix caverneuse :

- Ton pire cauchemar !

Cette fois elle s'avança et farfouilla dans son sac en bandoulière à la recherche d'un briquet. D'un mouvement réflexe elle l'alluma avec dextérité. Elle observa la flamme vaciller avant qu'elle ne se stabilise, puis son regard analytique se braqua sur la silhouette plaquée au mur : Liza. Choisissant de rester à distance raisonnable, elle la détailla sans gène. Sans aucun doute possible cette fille était soit de la résistance, soit n'avait pas encore choisi de camps. Les lèches-bottes du Dictateur sont trop sûrs d'eux pour être sur la défensive, et puis ils ne voyagent jamais seuls.

Elle pencha la tête. Décidée, elle reprit la parole :

- OK Cendrillon... Tu n'as qu'à m'appeler Jane. Jane Doe.

Une mimique étira un bref instant ses lèvres.
Douloureux.
En réalité, orpheline et sans sa soeur, elle était vraiment comme l'une de ses inconnues retrouvées mortes par les flics...

Elle soupira, chassant ces mauvaises pensées de son esprit torturé. En attendant de s'apitoyer sur son sort, elle prit le parti de deviner les intentions de Liza. Pour cela, rien de tel qu'un interrogatoire... "détourné" :

- Alors... qu'est-ce qui t'amène ici ?